Voyages
Retour à la listeBicentenaire 1813 - 2013 : la Bataille des Nations
Après son voyage au Mexique, au printemps 2013, pour commémorer le 150e anniversaire de Camerone, l’Académie Napoléon a organisé un voyage en Allemagne pour un double bicentenaire : celui de la Bataille des Nations et celui de la naissance de Richard Wagner, le lien entre les deux événements étant Leipzig, où est né Wagner le 22 mai 1813 et où Napoléon connut sa première défaite du 16 au 19 octobre 1813.
Le mardi 15 octobre 2013, nous sommes trente à nous envoler de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle à destination de Francfort. À notre arrivée, nous sommes accueillis par notre guide, Alexander Klein, et rejoints par Daniel Boulle, en provenance de Lyon, puis nous partons en autocar pour Eisenach, première étape de notre voyage.
Vers midi, nous sommes reçus au musée Reuter-Wagner par notre guide locale, Nana Gabadadze, et par la directrice du lieu, qui abrite la deuxième plus grande collection consacrée au compositeur Richard Wagner, après celle de Bayreuth.
Dans la villa de style néo-renaissance, l’étage présente le cadre de vie du poète Fritz Reuter (1810-1874) et le rez-de-jardin présente le musée Wagner. Un Viennois, Nicolaus Oesterlein, avait réuni 20 000 pièces consacrées au compositeur de Tannhäuser et les mit en vente. A la fin du XIXe siècle, la ville d’Eisenach acheta la collection pour la somme de 85 000 marks et décida de l’exposer dans la villa Reuter, qui se nomme depuis Reuter-Wagner.
La visite permet de découvrir une très importante bibliothèque et de nombreux objets consacrés au compositeur, ainsi que quelques pièces de choix, comme une partition de Tannhäuser annotée par Wagner lui-même.
Après cette visite, nous déjeunons au restaurant « Eisenacher Augustiner Bräu », puis nous partons visiter le château de Wartburg, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco comme « monument exceptionnel de la période féodale en Europe centrale. »
Le temps est couvert et brumeux, ce qui donne au site un aspect particulièrement romantique. Le château a été fondé en 1067 par le landgrave Louis II « Le Sauteur » ; siège de la cour des comtes de Thuringe jusqu’en 1440, centre culturel, il fut le cadre d’un concours de ménestrels autour de 1207, qui vit s’affronter Walther von der Vogelweide, Wolfram von Eschenbach et Albrecht von Halberstadt.
Martin Luther, qui s’y était réfugié en 1521 et 1522, y réalisa, en seulement dix semaines, la première traduction en allemand du Nouveau Testament.
En avril 1842, revenant de Paris, Richard Wagner se rendait à Dresde et passa une première fois par Eisenach. Il y revint en 1849 et put enfin faire plus ample connaissance avec le décor original de son Tannhäuser, qui mettait en scène le tournoi des chanteurs de 1207. A la mi-mai, il quitta Weimar pour Eisenach, en compagnie de Franz Liszt, et monta pour la première fois au château de Wartburg.
En fin d’après-midi, nous redescendons dans Eisenach pour visiter la maison natale présumée de Jean-Sébastien Bach, huitième enfant du musicien Johan Ambrosius Bach. Nous sommes d’abord invités à assister à un petit concert pour nous présenter divers instruments de musique utilisés à l’époque de Bach, puis nous découvrons à notre rythme l’ensemble du site, qui est un musée sonore car en divers endroits il est possible d’auditionner la musique du compositeur.
Vers 18 h 30, nous nous installons dans le très chic Pentahôtel et nous y dînons.
Mercredi 16 octobre 2013, il y a deux cents ans commençait la bataille de Leipzig. Sans les manquements de Marmont, Napoléon aurait remporté la bataille à Wachau. En attendant de découvrir le champ de bataille, dès 8 h 00 nous sommes au centre d’Eisenach et découvrons l’église Saint-Georges où, le 23 mars 1685, fut baptisé Jean-Sébastien Bach. Martin Luther fit partie du chœur et plus tard il y prêcha. Pendant 132 ans, quatre générations de Bach ont occupé les orgues de cette église.
Nous poursuivons avec la vue de la maison de Martin Luther, qui est une des plus anciennes maisons à colombages d’Eisenach. Le grand réformateur y vécut de 1498 à 1501.
Un peu avant 9 h 00, notre autocar roule vers Weissenfels où nous arrivons avant midi. Nous y trouvons notre guide local, Thorsten Plate, qui nous mène vers les divers lieux que nous lui avons indiqués au préalable. Si les nuages alternent avec le soleil, le temps est plutôt clément.
Nous commençons par aller à l’église Marienkirche et, vers le sommet du clocher, nous découvrons un boulet de canon fiché dans le mur et sous lequel une inscription indique : « Tiré de la colline de Schieshausberg, le 12 septembre 1813, lors de l’expulsion des Français de la ville, par le corps prussien du général Thielmann. »
Sur la place du Marché, au numéro 6, nous voyons le quartier général du général russe Landskoï, le 21 octobre 1813, et au 11 Leipzigerstrasse la maison qui abrita Napoléon du 30 avril au 1er mai 1813 (il en partit à 9 h 00 du matin et le soir dormit dans la maison du bailliage de Lützen, qui n’existe plus).
De cet endroit, nous gagnons à pied le restaurant « Jägerhof », qui fut le quartier général du maréchal Ney les 29 et 30 avril 1813. L’endroit est très joli et nous y faisons un excellent repas avec un dessert encore dans toutes les mémoires.
En début d’après-midi, nous découvrons également la maison Novalis, où logea le maréchal Bessières la veille de sa mort, et, sur la route de Leipzig, l’endroit où les pêcheurs de Weissenfels construisirent un pont de bateaux, pour permettre à Blücher de franchir la Saale, le 21 octobre 1813, et de poursuivre la Grande Armée en retraite.
A 14 h 00, nous arrivons à Rippach pour découvrir les sites relatifs au maréchal Bessières, qui y fut tué le 1er mai 1813, par un boulet de canon.
Nous nous arrêtons d’abord devant le restaurant, fermé, « Zum Weissen Schwan », lieu de la dernière rencontre de Napoléon et de Bessières au matin du 1er mai 1813. En face, de l’autre côté de la route, se dresse l’ancienne maison du tisserand où fut déposée la dépouille de Bessières (maisonnette en briques rouges). De là, par un chemin qui serpente sur le coteau, nous gagnons les hauteurs et arrivons au monument rappelant que dans ce secteur, Bessières a été mortellement touché. Ronald Zins, qui nous a déjà donné une conférence sur le sujet dans l’autocar, rappelle cet épisode avec force détails et montre l’endroit probable où se trouvaient les deux pièces russes qui firent feu sur le maréchal.
De Rippach, nous nous dirigeons vers le champ de bataille du 2 mai 1813, le soleil brille. Nous passons par Starsiedel, position de Marmont, et à Lützen nous visitons le château qui présente diverses pièces relatives aux combats (armes, gravures, diorama…). Les plus courageux montent au sommet du donjon ; il offre un beau panorama sur l’ensemble du champ de bataille, qui a la particularité d’être plat d’un bout à l’autre, ce qui favorisait la cavalerie ennemie.
Notre autocar nous mène ensuite à Kaja, l’un des quatre villages qui furent les témoins de furieux et sanglants combats. Là, se situe encore la ferme qui fut le quartier général du maréchal Ney.
Un peu plus loin, à Grossgörschen, nous découvrons plusieurs monuments (monument Scharnhorst, Shinkelpyramide, monument du prince de Hesse-Hombourg) et nous visitons le musée local, très intéressant ; nous y acquérons la médaille du bicentenaire de la bataille de Lützen.
L’ensemble des visites et des interventions ont permis à chacun de bien comprendre le déroulement des événements et des combats du début du mois de mai 1813, et, ravis, nous nous dirigeons vers Dresde, notre prochaine étape. Nous y parvenons après 19 h 00 et prenons nos quartiers à l’hôtel Westin-Bellevue, sur les bords de l’Elbe, face à la vieille ville. C’est le grand confort, bien apprécié par tous les membres du groupe et notamment par Laurent Souche et Eric Bouhana, arrivant de Lyon.
Le jeudi 17 octobre 2013 commence à 6 h 00 du matin dans la très grande piscine couverte de l’hôtel, pour les plus matinaux, et à 8 h 05, nous sommes à la villa Marcolini, Friedrichstrasse 41. Napoléon y résida du 15 juin au 10 juillet, du 15 au 25 juillet et du 4 au 15 août. Il y reçut diverses personnalités dont le roi de Saxe, le comte Bubna, Jérôme, roi de Westphalie, Metternich…
Peu après, nous traversons Dresde, sous la grisaille, pour atteindre les hauteurs de Räcknitz, au sud de la ville. Nous passons près du Grossergarten, qui fut le théâtre de violents combats livrés par la Jeune Garde et par le 14e corps contre les Prussiens.
Près de la Bismarckturm se dresse un monument à l’emplacement où, le 27 août 1813, a été blessé mortellement le général Moreau, traître à son pays et passé au service du Tsar, lors de la bataille de Dresde. Le boulet meurtrier fut tiré par la réserve de l’artillerie de la Garde impériale, dont la pièce fut pointée par le caporal Letort. Le monument, érigé en 1814, est surmonté d’un casque à l’antique et situé sous un bosquet d’arbres ; il est entouré d’une grille en fer forgé et porte l’inscription : « Moreau est tombé en héros ici, aux côtés d’Alexandre Ier, le 27 août 1813. » Les deux jambes du général transfuge seraient enterrées sous le monument et lui-même est inhumé à Saint-Pétersbourg, dans l’église Sainte-Catherine. L’Académie y est allée en 2012.
Des hauteurs de Räcknitz nous nous rendons à Pillnitz, résidence d’été des souverains de Saxe. C’est là que fut signée, en 1791, la déclaration par laquelle l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse manifestèrent leur solidarité avec Louis XVI : elle porte en germe toutes les futures coalitions contre la France. Napoléon, qui aurait dit « je suis né ici », s’y rendit le 22 juin 1813. Nous visitons les jardins et arrivons au Palais sur l’eau, probablement le plus bel édifice de l’ancien domaine royal. La façade est harmonieuse et un escalier monumental donne directement accès à l’Elbe.
Après cette escapade champêtre, nous regagnons Dresde, sous le soleil, et nous nous rendons au musée militaire, qui présente une exposition importante intitulée Blutige Romantik. Contrairement à la légende véhiculée, depuis 1813, par des protagonistes du romantisme allemand, il n’y eut pas de « soulèvement allemand » contre Napoléon. Alors, dans quelle mesure l’engagement des écrivains, philosophes et artistes allemands a-t-il contribué à la victoire remportée par les Coalisés contre Napoléon ? C’est le thème de cette exposition, qui présente 500 pièces pour faire revivre cette époque dramatique : des tableaux d’Édouard Detaille, un porte-cartes de Napoléon, un uniforme de Marbot, les portraits des généraux Durutte et Broussier, des armes, des uniformes, des documents, des décorations… Nous sommes admiratifs, tant la qualité des œuvres exposées et la scénographie sont remarquables.
Nous déjeunons près du Semperoper, le célèbre opéra de Dresde, opéra que l’on pourrait croire maudit. Les deux premiers, que connut Wagner, furent détruits : le premier, dont la construction débuta en 1838, se consuma en 1869 ; le second, débuté en 1871 et achevé en 1878, fut détruit lors des bombardements de 1945. La première pierre de l’actuel Semperoper a été posée en 1977.
En début d’après-midi, nous partons en autocar pour visiter quelques lieux relatifs à la fin de la campagne du printemps 1813. Les nuages sont de retour.
Nous nous arrêtons tout d’abord à Markersdorf. Sur la route principale, en direction de Görlitz, se trouve le monument à la mémoire de Duroc, blessé mortellement par un boulet le 22 mai 1813 ; il rend aussi hommage au général Kirgener, tué par le même boulet, et dont le nom figure au dos du monument.
Un peu plus haut, du même côté de la route, se situe la ferme Hanspachsches où est mort Duroc, le 23 mai ; elle est en travaux et la surélévation du toit modifie beaucoup son apparence, mais, au moins, elle ne sera pas détruite. À l’entrée de la ferme sous un arbuste, une pierre indique que là, probablement, repose le général Kirgener.
Nous nous dirigeons ensuite vers Bautzen, en passant près des mamelons de Kreckwitz, que Blücher avait surnommés les « Thermopyles de l’Allemagne », témoins des combats du 21 mai 1813. A Bautzen, nous visitons le musée municipal, qui possède peu de pièces relatives à l’histoire napoléonienne, si ce n’est un remarquable uniforme de trompette du 4e chevau-légers. Après le musée, nous visitons la vieille ville, qui a beaucoup de charme, et nous voyons notamment la maison où Napoléon résida en 1807 et en 1813. C’est enfin un retour tardif à Dresde après une journée bien remplie.
Le vendredi 18 octobre 2013 commence par une pensée pour Napoléon et les soldats de la Grande Armée qui, en 1813, livraient bataille à Leipzig. Dès 8 h 00 du matin, par un temps maussade, nous quittons l’hôtel Westin-Bellevue pour une visite de la ville historique de Dresde, reconstruite après le dramatique bombardement de 1945. Par les jardins de l’hôtel nous gagnons le bord de l’Elbe pour découvrir le point de vue de Canaletto le Jeune sur le Augustusbrücke, peint en 1748 ; cet arrêt intéresse particulièrement Marc Bisson dont le grand-père peignit également le pont, sous le même angle que Canaletto le Jeune.
Le pont historique franchi, nous nous arrêtons sur la place du château pour les premières explications de notre guide Alexander Klein. Là, le 26 août 1813, Napoléon assista au passage des troupes qui marchaient contre les Coalisés ; un N dans le sol rappelle l’emplacement approximatif de l’Empereur, devant la Hofkirche.
Nous empruntons ensuite les Terrasses de Brühl, qui dominent l’Elbe, et admirons les élégants bâtiments qui les embellissent dont l’Académie des Beaux-Arts et l’Albertinum, ancien arsenal royal.
Après un arrêt devant la Frauenkirche et un autre devant la statue de Martin Luther, nous allons au Zwinger, chef-d’œuvre du baroque commandé par Auguste le Fort ; la vaste cour servait autrefois de cadre à des tournois, des fêtes et des feux d’artifice ; les galeries et bâtiments qui l’entourent abritent aujourd’hui divers musées.
Du Zwinger, nous allons au château tout proche pour visiter la Voûte verte historique, qui renferme la plus importante collection de trésors en Europe, fondée en 1723 par le prince électeur de Saxe, Auguste le Fort. Nous y admirons pierres précieuses, ivoires, orfèvrerie, ambre… L’ensemble est stupéfiant.
Passant devant le Fürstenzug, frise en carreaux de Meissen, longue de 102 mètres et qui présente la dynastie de Saxe-Wettin, nous allons à la Frauenkirche que nous visitons. Édifiée de 1726 à 1743, elle fut détruite lors du bombardement de 1945 et reconstruite après la chute du Mur. Sa coupole, large de 20 mètres, domine à nouveau Dresde. L’intérieur est tout à fait remarquable, lumineux et imposant par ses dimensions et sa beauté.
Nous déjeunons au restaurant Pulverturm, tout proche, et nous poursuivons la visite du château : Nouvelle voûte verte, Cabinet Turc, collection d’estampes, de dessins et de photographies, cabinet des Monnaies et Médailles…
En milieu d’après-midi, nous quittons Dresde pour gagner Leipzig. A notre arrivée nous nous installons à l’hôtel Best Western Victor’s Residenz, tout proche du centre historique. Nous y retrouvons Thorsten Plate, qui nous guide pour une première découverte, à pied, du centre historique de Leipzig : l’église Saint-Nikolas, la Alte Nikolaischule où étudia Richard Wagner, l’endroit où il est né (la maison a été détruite, hélas), le Altesrathaus (ancien hôtel de ville), l’ancienne bourse et la statue de Goethe…
Sur la place du Marché, au numéro 17, se dresse la Königshaus, lieu où Napoléon résida ; c’est là, le 19 octobre 1813 au matin, qu’il fit de touchants adieux au roi de Saxe, Frédéric-Auguste Ier.
Dans le même immeuble, Schwarzenberg décéda le 15 octobre 1820, une plaque le rappelle dans un bel escalier en colimaçon.
La ville est pleine de reconstitueurs en uniforme, de différentes nationalités, et, devant la Königshaus, nous avons le plaisir de rencontrer Jean-Jacques Ponsin, chef d’escadron du 7e hussards, connu à Laffrey, et plusieurs soldats du 37e d’infanterie (association Le chant du Départ).
Proche de la place du Marché, nous découvrons l’église Saint-Thomas où repose Jean-Sébastien Bach ; hélas, nous ne pouvons y pénétrer car il y a concert ce soir-là.
A moins de deux cents mètres se trouve le café-restaurant « Zum Arabischen Coffe Baum. » C’est un des plus anciens cafés-restaurants d’Europe, construit en 1556 et dont le nom actuel remonte à 1720. Nous dînons à l’étage, dans l’espace Lusatia dont le nom remonte à 1807, grande année napoléonienne.
Parmi les personnalités qui ont fréquenté ce lieu historique on relève Auguste le Fort, Jean-Sébastien Bach, Goethe, Franz Liszt, Richard Wagner et… Napoléon.
Après un excellent repas, le groupe regagne le Victor’s Residenz pour une nuit réparatrice, sauf quelques intrépides qui suivent le président de l’Académie Napoléon pour aller au Völkerschlachtdenkmal, le monument de la Bataille des Nations, au sud de Leipzig. Magnifiquement illuminé, il grouille de monde et nous retrouvons par hasard Jean-Jacques Ponsin. La pleine lune ajoute à l’ambiance magique du lieu et préfigure la belle journée du lendemain. Tard, le tramway ramène notre patrouille à l’hôtel pour une courte nuit.
Samedi 19 octobre 2013 : il y a deux cents ans, Napoléon et la Grande Armée abandonnaient Leipzig pour se replier vers le Rhin. La journée, ensoleillée, est consacrée au bicentenaire et à la découverte du champ de bataille.
Nous allons tout d’abord à pied jusqu’au Kugeldenkmal, proche de notre hôtel. Construit en 1845, c’est le premier monument élevé – sur une fosse commune – en souvenir de la bataille. Nous empruntons ensuite notre autocar pour voir, Jahn Allee, le Brückensprengungsdenkmal, monument élevé en souvenir de l’explosion du pont de Lindenau, qui coupa la retraite des derniers éléments de la Grande Armée le 19 octobre 1813. Non loin, nous découvrons le Poniatowskiplan, qui marque l’endroit où mourut le maréchal Poniatowski, blessé et noyé dans l’Elster. Quand nous y parvenons, une cérémonie d’hommage au prince polonais est en préparation et nous échangeons avec des Polonais présents sur place.
Après cela, nous allons à Lindenau, à l’endroit de l’ancien moulin où Napoléon s’arrêta un instant, le 19 octobre 1813, lors de la retraite de la Grande Armée.
Nous repartons vers l’Est et nous gagnons le Johannisfriedhof pour voir la pierre tombale de la première sépulture du maréchal Poniatowski (aujourd’hui à Cracovie), mais le cimetière est encore fermé, aussi, peu enclins à attendre quarante-cinq minutes, nous nous rendons directement au Völkerschlachtdenkmal, resplendissant sous le soleil.
Nous commençons par rendre hommage à Napoléon et nous nous dirigeons vers la Napoleonstein. Ce cube de granit, surmonté du légendaire bicorne, marque l’endroit, près d’un moulin (le Tabaksmühle), où Napoléon avait établi son quartier général pour diriger les combats le 18 octobre 1813. Une photo de notre groupe est réalisée à cet endroit symbolique.
Ensuite, rejoints par Thorsten Plate, qui nous guide pour la journée, nous marchons vers le Völkerschlachtdenkmal, le monument de la Bataille des Nations. Inauguré le 18 octobre 1913, pour le centenaire de la bataille, c’est le plus grand mémorial allemand. Haut de 91 mètres, large, à sa base, de 126 mètres, sa masse est de 300 000 tonnes.
Un stand de la poste allemande permet aux philatélistes d’acquérir divers souvenirs avec timbres et cachets du bicentenaire, puis nous pénétrons dans le monument.
Après avoir gravi 136 marches et grâce à l’ascenseur pour la plupart d’entre nous, nous parvenons dans la crypte. Elle est conçue comme un sépulcre symbolique pour les morts au combat. Seize guerriers médiévaux, tête baissée, font une veillée funèbre et huit masques symbolisent la mort. Au niveau supérieur, quatre énormes statues représentent les qualités du peuple allemand : la bravoure, la force en la foi, la force du peuple et l’offrande.
La visite de ce monument « Kolossal » est surprenante et les plus hardis se hissent jusqu’à la plateforme sommitale pour bénéficier d’un panorama exceptionnel sur le champ de bataille.
Nous poursuivons par le petit musée au pied du monument et dont la pièce maîtresse est la selle utilisée par le maréchal prince Poniatowski le jour de sa mort, il y a deux cents ans, le 19 octobre 1813.
Après cette matinée bien remplie, nous gagnons, à proximité, la Brasserie Napoléon, où, le 18 octobre 1813, l’Empereur rencontra Murat dans le jardin de l’auberge en feu, pour décider la retraite. A l’étage, une salle magnifique nous accueille pour un très bon déjeuner accompagné de la bière locale.
A 13 h 00, après avoir vu, à Meusdorf, le Schwarzenbergdenkmal, nous sommes au Monarchenhügel, monument indiquant la position des souverains alliés le 18 octobre 1813.
Puis, notre autocar nous mène sur la ligne de front du 16 octobre 1813. Entre Liebertwolkwitz et Wachau, en bordure de route, nous nous arrêtons au Galgenbergdenkmal, position de Napoléon le 16 octobre 1813 ; de cet endroit, nous avons une vaste vue du champ de bataille.
Nous poursuivons par quelques monuments à Wachau et remontons sur Markkleeberg pour voir l’endroit où se situait le maréchal Oudinot avec deux divisions de la Jeune Garde le 16 octobre 1813.
Enfin, nous arrivons à la Torhaus Dölitz, où s’illustrèrent les Polonais de Poniatowski qui luttèrent victorieusement contre les Autrichiens. Il s’y trouve un des grands bivouacs de reconstitueurs pour le bicentenaire. Celui-ci à l’avantage d’être animé par des fanfares.
Au son des musiques, nous visitons le musée de la Torhaus Dölitz, qui présente des dioramas dont un est consacré à la bataille de Leipzig (12 000 figurines sur 24 m2). Ensuite, nous flânons parmi les soldats qui animent le lieu avec entrain.
En fin d’après-midi, nous retournons à Leipzig pour achever nos visites par l’exposition Héros sur mesure qui se tient au musée d’histoire de la ville et aborde le mythe de la fondation de l’Allemagne, qui repose essentiellement sur les événements de 1813.
A l’hôtel Victor’s Residenz, chacun a revêtu sa tenue de soirée et nous allons à pied au restaurant historique « Auerbachs Keller. » Fondé en 1525, il fut l’antre de Goethe, qui vécut à Leipzig de 1765 à 1768, et lui inspira une scène de son Faust.
Nous dînons dans le caveau historique où, à la place d’un chandelier, la chevauchée gigantesque de Faust, de Méphisto et de la sorcière, sculptée dans un tronc d’arbre unique, décore la pièce. Un tonneau de vin historique et précieux complète l’ambiance conformément à l’histoire. Selon la légende, l’alchimiste et magicien Johann Faust, qui inspira l’œuvre de Goethe, est monté sur un tonneau similaire dans cette cave.
Au cours du repas gastronomique (le cerf était divin), notre serveur, qui est aussi acteur, narre les aventures de Faust et nous finissons tous dans la cave de la sorcière pour boire une potion de rajeunissement.
Notre repas de gala a été d’une qualité exceptionnelle : un cadre historique de toute beauté, un repas soigné et un déroulement original qui nous mit à contribution et vit Marcel Bonniaud et Dominique Billiard chevaucher tour à tour le tonneau, à l’instar de Faust.
Le dimanche 20 octobre, nous quittons Leipzig pour Bayreuth où nous arrivons en début de matinée.
Nos visites commencent par la villa Wahnfried que Richard Wagner se fit construire avec des fonds alloués par le roi Louis II de Bavière. Hélas, elle est en travaux (les Bavarois ont raté le rendez-vous du bicentenaire à ce sujet) et nous ne pouvons qu’en découvrir les extérieurs, au milieu des travaux.
A l’arrière, dans le jardin, la sépulture du compositeur et de son épouse Cosima est accessible, et ce n’est pas sans émotion que nous la découvrons. Non loin, se situe la maison où Franz Liszt est décédé.
Notre autocar nous conduit ensuite au Festspielhaus, ce théâtre unique au monde que Wagner fit construire pour ses propres opéras de 1872 à 1876, année où il fut inauguré et où fut donné le premier festival au cours duquel furent interprétés Das Rheingold (L’or du Rhin), Die Walküre (La Walkyrie), Siegfried et Götterdämmerung (Le crépuscule des dieux).
Nous découvrons l’accès aux loges, puis l’étonnante salle de spectacle où tout a été pensé pour optimiser l’acoustique, la fosse d’orchestre – invisible du public – et la scène avec les coulisses. La visite est tout simplement captivante pour l’amateur des opéras de Wagner. Il règne dans les lieux une atmosphère magique, pour ne pas dire mystique.
Après le déjeuner, à proximité du Festspielhaus, dans un excellent restaurant italien, nous allons à Bamberg, le temps est maussade. Nous replongeons dans l’histoire napoléonienne et visitons la Neue Residenz où Napoléon séjourna en 1806. Le maréchal Berthier, ayant épousé une princesse bavaroise, y demeurait pendant les Cent-Jours et il y est mort mystérieusement le 1er juin 1815. Notre visite s’achève par la pièce où il se trouvait quand il bascula par une fenêtre et s’écrasa au pied du mur nord-est de la résidence.
Vers 16 h 00, un petit groupe prend le chemin de l’aéroport de Francfort, à destination de Paris-Charles de Gaulle, avec Alexander Klein, tandis que vingt-deux d’entre nous partent en autocar vers Munich pour l’extension de notre voyage.
Il fait nuit quand nous arrivons dans la capitale bavaroise et nous logeons au Laimer Hof, petit hôtel coquet tout contre le château de Nymphenburg, là même où est né Louis II de Bavière en 1845.
Le lundi 21 octobre 2013, nous rencontrons notre nouveau guide, Christine Buchzyk, et partons dès 8 h 00 pour Herrenchiemsee. Le ciel est bleu, le soleil brille, c’est un temps magnifique pour aller sur l’île où a été construit le château de Louis II de Bavière.
Au village de Prien, nous empruntons un ferry qui nous mène sur la Herreninsel, puis nous marchons jusqu’au château, Versailles bavarois, destiné à être un temple à la gloire du Roi-Soleil et construit de 1878 à 1884. Nous commençons par le Prunktreppenhaus (littéralement : la cage d’escalier pompeuse), l’escalier d’honneur, et continuons par la salle des gardes, la première et la seconde antichambres, la chambre à coucher de parade, la salle du conseil pour arriver dans la superbe galerie des glaces avec, à ses extrémités, d’un côté, le salon de la paix et, de l’autre côté, le salon de la guerre.
La visite continue avec les appartements privés du roi : sa chambre à coucher, le cabinet de travail, le salon bleu, le cabinet de porcelaine et la salle-à-manger : un mécanisme sous le sol faisait descendre la table à l’étage inférieur où elle était dressée, puis remontée à l’étage où le roi passait à table. Nous achevons notre découverte par l’escalier inachevé et par le salon des bains.
Dehors, le soleil resplendit et nous flânons dans les jardins à l’ambiance printanière avant d’aller déjeuner au Schlosswirtschaft.
Nous revenons au château pour visiter, dans l’aile sud, le musée du roi Louis II, consacré aux différentes phases de sa vie, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Les pièces exposées proviennent de la résidence royale de Munich et des divers châteaux habités par Louis II : c’est une visite passionnante.
En fin d’après-midi, c’est le retour à Prien, en bateau, et notre autocar nous mène à Tegernsee où nous logeons au bord du lac.
Le mardi 22 octobre 2013, commence par un temps fort de notre voyage. En effet, à titre tout à fait exceptionnel, et grâce à la persévérance du président de l’Académie Napoléon, nous sommes autorisés à visiter la crypte des Wittelsbach où repose le maréchal Berthier.
Nous sommes accueillis avec bienveillance par une personne qui veut garder l’anonymat et nous visitons tout d’abord l’église Sankt Quirinus dont les fresques ont été réalisées par Hans Georg Asam. Ensuite, nous pénétrons dans la crypte et nous pouvons nous recueillir devant le cercueil du maréchal Berthier, qui repose ici depuis 1895. Tout proches, reposent également les parents de Sissi.
Nous prenons ensuite la route pour Hohenschwangau, que nous atteignons en milieu de matinée. Nous allons y passer toute la journée et la nuit à venir, pour nous immerger dans le monde fascinant créé par Louis II de Bavière. Le soleil est de la partie et la journée s’annonce merveilleusement.
Nous commençons par visiter le château de Hohenschwangau où Louis II a grandi. Vestige d’un château canonné lors de la campagne de 1800 par les troupes de Moreau (à cette époque il combattait encore pour la France !), la ruine fut achetée en 1832 par Maximilien II qui la fit relever par l’architecte Domenico Quaglio dans un style romantique néo-médiéval. Là, le futur Louis II fit connaissance des légendes de Lohengrin, le chevalier du cygne. Nous déambulons en fait dans un décor de théâtre avec les fenêtres ouvertes qui nous offrent de magnifiques points de vue sur les forêts environnantes et sur le lac Alpsee.
Nous déjeunons au restaurant « Alpenstuben » et l’après-midi nous visitons le musée des rois de Bavière dont certaines pièces sont exceptionnelles. Ensuite, nous prenons possession de nos chambres dans le très cossu hôtel Müller où nous dînons.
La nuit, dans les rues désertes, éclairées par la pleine lune, des noctambules se promènent pour admirer Hohenschwangau et Neuschwanstein illuminés au sommet de leurs éperons rocheux.
Mercredi 23 octobre 2013, c’est le dernier jour du voyage et le temps est couvert. Il n’y aura pas beaucoup de soleil.
Le plus grand nombre d’entre nous empruntent les calèches pour arriver au château de Neuschwanstein, tandis que quelques courageux, ou inconscients, coupent par la forêt et montent à pied. Les plus vigoureux poussent jusqu’au Marienbrücke pour bénéficier d’un point de vue à couper le souffle sur le château et sur la vallée.
A 11 h 00, notre groupe pénètre dans le château pour une visite guidée un peu rapide, car il y a un monde fou pour visiter le lieu dont la décoration intérieure a pour modèle la légende chevaleresque allemande et le monde mythique de la musique de Richard Wagner.
Louis II a fait construire ce château dès 1869 et il était inachevé à sa mort. Il rappelle, à certains endroits, la Wartburg. La salle des chanteurs était un des projets préférés du roi et, à côté de la salle du trône, c’est la pièce la plus importante du château ; elle s’étend sur tout le quatrième niveau de la partie Est du château. Deux pièces historiques du château de la Wartburg, la salle d’apparat et la salle des chanteurs, s’y réunissent en une seule.
Mais le reste des pièces ouvertes à la visite est remarquable aussi. La salle du trône au décor byzantin, la salle-à-manger habillée de chêne, la chambre à coucher néo-gothique, la chapelle, la salle de séjour, la grotte qui rappelle Tannhäuser, le cabinet de travail, tout est original et richement décoré.
Redescendus sur terre et redescendus du château, nous partons pour Linderhof où nous déjeunons.
Les sommets alentour sont noyés dans la brume et il pleut lorsque nous commençons la visite. Les bassins sont vidés de leur eau, les statues des jardins sont presque toutes sous un coffre de bois et certaines structures extérieures sont bâchées car l’hiver approche, mais le site ne manque pas d’allure. Ce petit château est le seul à avoir été achevé du vivant de Louis II. Elevé au milieu de montagnes austères, dans la solitude de la vallée du Graswang, il était le lieu de séjour préféré du roi, qui le considérait comme un lieu de retraite.
Après le vestibule au milieu duquel domine une statue équestre de Louis XIV, un escalier mène à l’étage pour la visite des appartements au décor particulièrement chargé. Après la salle des Gobelins ouest, le cabinet jaune, la salle des audiences et le cabinet lilas, nous arrivons à la chambre à coucher du roi : le bleu domine et la vue donne sur la grande cascade au Nord. Quatre autres pièces, tout aussi fastueuses et faisant revivre l’esprit rococo, sont encore découvertes, puis, sous la pluie, et après un tour dans les jardins, nous regagnons notre autocar et prenons la direction de l’aéroport de Munich. De là, un vol Air France nous mène à Paris-Charles de Gaulle où nous atterrissons à 22 h 15.
Ce nouveau voyage de l’Académie Napoléon a été une totale réussite, non seulement par la richesse et l’intérêt du programme culturel, bien équilibré, et non seulement par l’excellente organisation technique de Mondea, mais aussi par la qualité des participants à ce voyage. Ils surent se montrer très disciplinés, respectueux des consignes, toujours d’humeur positive et particulièrement conviviaux. Nous eûmes également des guides de haute volée dont Alexander Klein pendant la plus grande partie du voyage.
Sur le plan wagnérien, nous avons découvert de nombreux lieux marqués par la présence de Richard Wagner et par son œuvre, notre cycle commençant à la Wartburg avec Tannhäuser et s’achevant à Neuschwanstein, avec Tannhäuser et Parsifal, et à Linderhof, le refuge de Louis II.
Sur le plan napoléonien, nous avons mis nos pas dans ceux de Napoléon et nous avons rendu hommage, dans l’ordre des visites, à Bessières, Duroc et Berthier, qui furent les trois plus proches collaborateurs de l’Empereur. A Leipzig, nous avons surtout suivi les traces du prince Poniatowski, car ce Polonais symbolise la fidélité, même dans l’adversité, et l’esprit de sacrifice, des valeurs bien rares aujourd’hui.
Ils étaient en Allemagne pour le bicentenaire de la Bataille des Nations et pour le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner :
Claude et Denise Ansquer
Alexandre et Edwige Baury
Joëlle Bédel
Alice Berniguet
Dominique et Céline Billiard
Marc et Anne Bisson
Michel et Françoise Bon
Marcel et Renée Bonniaud
Eric Bouhana
Daniel Boulle
Françoise Delage
Robert et Léni Dubois
Raymonde Gauthier
Pierre et Marie-Claire Hecquet
Dominique Japy
Jean Lanfranchi
Franck et Marie-Pauline Léry
Claudie Marucchi
Jean-Michel et Betty Mayer
Roger Messager
Stéphane Monterrat
Laurent Souche
Ronald Zins