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Retour à la listeBicentenaire de Bernadotte prince héritier de Suède
Certes, Bernadotte joue un rôle funeste dans l’histoire napoléonienne. Et si certains indiquent qu’à Sainte-Hélène Napoléon a estimé qu’il ne l’avait pas trahi, mais avait été un ingrat, l’Empereur fut d’autres jours plus critique.
Le 10 mai 1816, il dit à Las Cases que Bernadotte était une de ses erreurs. Le 7 août 1816, il ajoutait : « Bernadotte a été le serpent nourri dans notre sein […] c’est lui qui a donné à nos ennemis la clé de notre politique, la tactique de nos armées ; c’est lui qui leur a montré les chemins du sol sacré. Vainement disait-il pour excuse qu’en acceptant le trône de Suède il n’a plus dû qu’être Suédois : excuse banale, bonne tout au plus pour la multitude et le vulgaire des ambitieux. Pour prendre femme, on ne renonce point à sa mère, encore moins est-on tenu à lui percer le sein et à lui déchirer les entrailles. »
Toutefois, général de la Révolution, ambassadeur, ministre, maréchal de l’Empire, prince français, Bernadotte appartient à l’histoire napoléonienne. Si on peut désapprouver sa conduite sous le Consulat et l’Empire, force est de constater qu’il fut un bon souverain pour les Suédois et qu’après des décennies d’instabilité politique et de conflits il a apporté la paix intérieure et la paix extérieure à la Suède. Sa dynastie y règne toujours et le roi Charles XVI Gustave en est la septième génération. Chose méconnue, sous la Seconde restauration, Bernadotte était prêt à donner asile aux proscrits et il écrivit même en ce sens à Grouchy.
L’Académie Napoléon a donc choisi d’organiser un voyage d’étude en Suède et de participer aux commémorations du bicentenaire à Örebro. L’ACMN, que je préside également, était représentée par moi-même et par Olivier Chauvelin, membre du comité directeur.
Le mercredi 18 août 2010, nous sommes 24 à nous envoler de Roissy Charles de Gaulle à destination de Stockholm et nous sommes honorés par la présence de France Lannes de Montebello, descendante du maréchal Lannes. Nous parvenons à 18 h 35 à l’aéroport d’Arlanda où le soleil brille, malgré quelques nuages gris. Un car nous transporte à l’hôtel First Amaranten de Stockholm. Nous y dînons et passons notre première nuit sur le sol suédois.
Le jeudi 19 août, est consacré à la découverte de Gamla Stan, la vieille ville. À 8 h 00, nous quittons à pied notre hôtel situé sur l’île Kungsholmen. Le ciel est gris, chargé de nuages et il tombe quelques gouttes. Mais il ne fait pas froid.
Nous découvrons tout d’abord le Stadshuset, l’hôtel de ville, immense bâtisse de briques rouges, édifiée de 1911 à 1923. Il abrite la Chambre du conseil et 250 bureaux pour les employés administratifs. On peut notamment y voir le cénotaphe de Birger Jarl, le pilori qui était à Stortorget, ainsi que la Salle bleue où se déroule chaque année le banquet en l’honneur des gagnants du Prix Nobel. C’est un des symboles de Stockholm avec les trois couronnes qui se découpent au sommet de la tour haute de 106 mètres.
Nous empruntons les ponts Stadshusbron et Norra Järnvägsbron pour arriver sur Riddarholmen, l’île des chevaliers. Nous y découvrons tout d’abord la Birger Jarls Torn, tour d’un ensemble défensif construit au XVIe siècle par Gustave Vasa, avant de nous rendre à la place Birger Jarl. Là, nous voyons tout d’abord la statue de ce roi suédois. Né vers 1200 et mort en 1266, il fut Jarl, sorte de maire du palais, puis régent. Il fonda en 1250 la dynastie des Folkung, qui exerça son pouvoir sur toute la Suède. Son fils fut élu roi le 10 février 1250 et couronné à Linköping en 1251. Mais Jarl Birger assura la régence et gouverna le pays jusqu’à sa mort en 1266.
On lui attribue la fondation de Stockholm, en 1252, et il fut le dernier Suédois à porter le titre de Jarl, qui fut remplacé par celui de duc. Il est inhumé, avec ses épouses, au prieuré de Varnhem, dans la province de Västergötland (fondé par des cisterciens vers 1150).
Ensuite, nous voyons sur cette place différents palais : Wrangelska palatset, Stenboksa palatset et Hessenstein palatset, tous édifiés au XVIIe siècle et dont je conte l’histoire.
Nous sommes alors rejoints par notre guide francophone Kristina, qui nous fait pénétrer dans Riddarholmskyrkan, la nécropole des souverains suédois.
Cette église est un vestige d’une ancienne abbaye franciscaine édifiée de 1270 à 1300 par la volonté du roi Magnus III Ladulas (v. 1240-1290), fils de Birger Jarl. Construite en brique, de style gothique, elle reflète le style scandinave médiéval. Les chapelles latérales ont été ajoutées ultérieurement et dans le style du moment, la plus récente étant celle des Bernadotte. La flèche actuelle, en fonte ajourée, date du XIXe, elle remplace la flèche adjointe au XVIe siècle et touchée par la foudre en 1835. L’abbaye demeura prospère jusqu’à la Réforme et en 1527, les moines durent la quitter. Peu après, l’église catholique devint protestante. Depuis 1807, elle n’est plus qu’une nécropole et aucun office régulier n’y est plus célébré.
Le premier roi à y reposer est Magnus Ladulas. De Gustave II Adolphe (1632) à Gustave V (1950) tous les souverains suédois ont été inhumés ici sauf deux : Christine de Suède (Rome) et Frédérique de Bade (Pforzheim) épouse de Gustave IV Adolphe. Parmi les rois inhumés en ce lieu on peut voir les sarcophages de Gustave II Adolphe dit le Grand ou le lion du Nord et de Charles XII. Gustave III et Charles XIII reposent dans la crypte de la chapelle de Gustave II Adolphe.
Si l’ensemble de la nécropole est passionnant, nous sommes bien sûr attirés par la chapelle Bernadotte, érigée de 1858 à 1860. Charles XIV Jean repose dans un sarcophage de porphyre de Dalécarlie, qui fut transporté en traîneau depuis le nord de la Suède, et Désirée dans un sarcophage de marbre vert suédois de Kolmarden (sud-ouest de Stockholm).
Ils sont entourés par leurs descendants et notamment par leur fils Oscar Ier et son épouse Joséphine, fille d’Eugène de Beauharnais et donc petite-fille de l’impératrice Joséphine.
Aux murs de l’église figurent les blasons des chevaliers de l’ordre des Séraphins. Cet ordre a été fondé par Frédéric Ier de Suède le 23 février 1748 (seul roi de la dynastie de Hesse). Réorganisé en 1975, il est réservé maintenant à la famille royale et aux chefs d’État étrangers ou à une personne d’un rang comparable. Il ne comprend qu’un grade, celui de chevalier.
À la mort d’un chevalier, son blason est placé dans l’église et lors de ses funérailles les cloches carillonnent.
Ensuite, notre guide nous mène au palais royal, édifié par Nicodème Tessin l’Ancien au XVIIIe siècle, après l’incendie de 1697 qui ravagea Tre Kronor, le précédent palais. Chemin faisant, je présente le Riddarhuset, palais de la noblesse, et le Bondeska palatset devant lequel Axel de Fersen a été tué par la foule, qui le soupçonnait d’avoir empoisonné l’héritier de la couronne en 1810.
Nous commençons la visite du palais royal par le trésor. Nous y remarquons de nombreuses couronnes, des bijoux, le trône, les fonts baptismaux en argent d’un mètre de haut, réalisés par le Français Jean-François Cousinet : ils sont toujours utilisés pour les baptêmes royaux. Dans une autre salle voûtée sont les emblèmes royaux : la couronne, le sceptre et l’orbe d’Érik XIV, ainsi que les clés du royaume. Quand nous sortons, le ciel est bleu et le soleil brille.
Nous poursuivons par la visite de l’armurerie royale, le plus ancien musée de Suède, fondé en 1628, sous la conduite d’une autre guide, Magdalena. Des pièces exceptionnelles sont mises en ambiance et s’offrent à nos yeux : le cimier de Gustave Vasa, le costume porté par Gustave III lors du bal masqué où il fut mortellement blessé par un conjuré, l’uniforme bleu porté par Charles XII quand il fut tué au siège de Frederikshald, des uniformes et objets se rapportant à Gustave II Adolphe et à la bataille de Lützen en 1632, des uniformes et costumes portés par Bernadotte, le carrosse qu’il utilisa pour son couronnement en 1818…
Nous assistons ensuite à la relève de la garde et déjeunons près du palais royal, au restaurant du Kungliga Myntkabinettet. Nous le visitons en début d’après-midi sous la conduite de Torbjörn Sundquist, dépêché par mon ami Lars O. Lagerqvist, responsable du médaillier du roi, qui était hélas absent. C’est toute l’histoire de la monnaie en Suède que nous découvrons, depuis un coquillage jusqu’aux pièces actuelles. Nous admirons bien sûr les pièces frappées à l’époque de Bernadotte, et aussi la plus lourde pièce du monde, 19,7 kg, datant de 1644.
Puis, nous retournons au palais royal pour la visite des appartements, sous la conduite de Kristina. Nous nous attardons dans la galerie Bernadotte, qui renferme de nombreux tableaux ainsi que des objets ayant appartenus au maréchal : sceau, éperons, épée, bâton… La visite s’achève par la salle du trône et par la chapelle royale.
Je mène alors notre groupe à Stortorget pour lui conter le bain de sang de Stockholm en 1520, quand 80 nobles et bourgeois furent décapités sur l’ordre de Christian II. Ensuite, chacun se promène à son gré et certains me suivent pour admirer la statue équestre de Bernadotte qui s’élève à Karl Johans Torg.
Nous nous retrouvons tous à 19 h 45 au Gyldene Freden, dans la vieille ville, pour y dîner. C’est le plus ancien restaurant de Stockholm, fondé en 1722, et l’immeuble appartient à l’Académie suédoise qui délivre le prix Nobel de littérature. Chaque jeudi, elle s’y réunit pour son dîner hebdomadaire. Nos tables sont magnifiquement dressées dans un salon particulier et nous apprécions tous les mets succulents qui nous sont servis.
À l’issue du repas, un car nous ramène à l’hôtel pour une nuit réparatrice après cette longue journée de visites qui s’est achevée dans un cadre envoûtant.
Vendredi 20 août, nous quittons l’hôtel à 8 h 15 pour nous rendre en car au château de Skokloster. En route, nous faisons un arrêt photo au château de Rosersberg qui fut une des résidences d’été de Bernadotte, puis à Sigtuna, la plus vieille ville de Suède. Un peu avant 11 h 00, nous sommes à Skokloster.
Le château est considéré comme un des plus beaux châteaux de style baroque en Europe. Il a été édifié de 1654 à 1676 par Carl Gustav Wrangel, militaire et homme d’État, d’après les plans de Nicodemus Tessin l’Ancien.
Propriété de l’État suédois, il est construit selon un plan carré avec quatre tours d’angle octogonales et une cour centrale. Les salles présentent une importante collection de peintures, meubles, textiles, vaisselles, etc. soit près de 50 000 objets répertoriés, datés d’entre 1550 et 1850. L’arsenal et la bibliothèque sont particulièrement notables : la collection d’armes de Wrangel s’est vue complétée aux XVIIe et XVIIIe siècles de celle des Brahe, puis de celle de Carl-Gustaf, comte de Bielke. Une grande salle est remplie uniquement de fusils de chasse et d’épées, datant du XVIIe siècle.
Le château est inachevé : les travaux furent arrêtés à la mort de Wrangel, et la grande salle de bal est depuis cette époque conservée telle que les constructeurs l’ont laissé à l’été 1676. Elle constitue ainsi un formidable témoignage pédagogique sur la construction au XVIIe siècle. Une salle est consacrée à Bernadotte : une immense statue de marbre le représente en dieu Mars. De plus, une exposition temporaire, intitulée « Le roi et le comte, Charles XIV Jean et Magnus Brahe » présente dans trois vitrines des objets remarquables comme la selle utilisée pendant la bataille de Leipzig, la peau de mouton qui était sur son lit quand il mourut, des armes, uniformes, ainsi que des objets évoquant son meilleur ami : Magnus Brahe.
Après cette visite passionnante nous déjeunons dans le jardin du château et gagnons Drottningholm. Là, même s’il y est venu, pas de traces de Bernadotte, mais le château est somptueux. Il a été construit par Jean III de Suède en 1580 pour sa femme Katarina Jagellon. Hedvig Eleonora acheta le château en 1661, mais il brûla la même année.
Il fut reconstruit à partir de 1662, dans un mélange de style baroque et de style gustavien, sous la direction de l’architecte Nicodemus Tessin l’Ancien (1615-1684), à la demande de la reine Hedvig Eleonora.
Le palais fut ensuite donné en cadeau à la princesse Lovisa Ulrika de Prusse, future reine de Suède. Elle transforma l’intérieur du château dans un style sophistiqué et français : le style rococo. En 1777, Lovisa vendit Drottningholm à l’État suédois. Au XIXe siècle, le château fut quelque peu oublié et se détériora. Sous le règne d’Oscar II de Suède, à partir de 1901, il fut restauré dans sa majorité.
La partie la plus ancienne des jardins est de style baroque, construite sous la direction d’Hedvig Eleonora au XVIIe siècle. Gustav III ajouta une partie parfois appelée les jardins anglais de Drottningholm, au XVIIIe siècle.
Après la visite des appartements, nous flânons dans les jardins, puis visitons le théâtre. Construit en bois, c’est le plus ancien théâtre au monde conservé en l’état et la machinerie d’origine est encore utilisée de nos jours.
Le château, son théâtre, le pavillon chinois (restauration finie en 1996 pour ce cadeau d’Adolf Frederik à Lovisa Ulrika en 1753), ainsi que les parcs et les jardins sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991. Drottningholm est la résidence de la famille royale depuis 1981.
En fin d’après-midi nous regagnons notre hôtel, puis nous nous rendons sur Gamla Stan pour dîner au Fem Sma Hus, restaurant célèbre. Nous descendons de nombreuses marches et franchissons plusieurs niveaux pour atteindre nos tables dressées sous les voûtes du plus profond caveau. À l’issue de ce nouveau moment de délicieuse gastronomie suédoise, nous regagnons l’hôtel en car.
Samedi 21 août, c’est le jour du bicentenaire. Nous sommes tous vêtus de manière élégante pour nous rendre en car de Stockholm à Örebro. C’est l’anniversaire de Jean-Claude et au nom de l’Académie Napoléon je lui offre un livre d’histoire napoléonienne. Pendant le trajet je présente une conférence sur Bernadotte et sur l’élection de 1810. Nous arrivons en fin de matinée et découvrons la ville dont seuls le château et la cathédrale datent de l’époque de l’élection de 1810. En effet, Örebro fut ravagé par un incendie. Certains m’accompagnent jusqu’à la cathédrale Saint-Nicolas devant laquelle flottent les drapeaux suédois, français et norvégiens. Nous pénétrons dans la cathédrale et nous assistons aux répétitions de l’orchestre de chambre de Suède qui doit officier l’après-midi. Ensuite, nos pas nous mènent jusqu’au château tout proche et dans lequel Charles XIII signa l’acte d’adoption de Bernadotte. À côté se dresse une statue du maréchal. Les rues sont pavoisées, des barrières de sécurité sont dressées le long des trottoirs et une scène est installée près du château pour le discours du roi et les concerts de la soirée.
À 12 h 00 nous déjeunons dans le restaurant Rendez-Vous à la décoration de brasserie française. L’accueil y est charmant et nous sommes traités en hôtes de marque. On nous propose le menu du jubilé Bernadotte, qui est succulent.
Vers 13h30 notre guide locale, Johanna, nous promène dans la ville et nous quitte vers 14 h 15 à la cathédrale où je décide d’attendre l’ouverture des portes plutôt que de continuer la promenade en ville. À 15 h 00, nous sommes autorisés à pénétrer dans la cathédrale. Nous y sommes idéalement placés, au 3e rang derrière les sièges que vont occuper le roi et la famille royale.
L’Académie Napoléon est aux places d’honneur parmi les 200 privilégiés invités à assister à la cérémonie. J’ai le plaisir de voir et de saluer Bertil Bernadotte, après avoir échangé quelques mots avec Lars O. Lagerqvist.
Peu à peu l’église se remplit, l’orchestre prend place et la famille royale arrive, toute l’assistance se lève.
D’abord, voici le roi Charles XVI Gustave et la reine Silvia, puis la princesse héritière Victoria et son époux Daniel, enfin la princesse Madeleine et le prince Charles Philippe. Au bord de l’allée centrale, je peux les observer longuement pendant leur entrée. Le roi semble soucieux, la reine est souriante et d’une rare élégance, Victoria rayonne et a déjà l’attitude d’une souveraine. C’est la première sortie officielle de son époux, Daniel Westling, qui semble intimidé. Madeleine et Charles-Philippe paraissent très complices.
À 16 h 00, la commémoration du bicentenaire de l’élection de Bernadotte comme prince héritier de Suède commence. Il ne s’agit pas d’une messe comme les médias français l’ont rapporté, mais de discours officiels, d’un concert de l’orchestre de chambre de Suède et de l’intervention du chœur de Saint-Nicolas et du chœur de la Couronne.
C’est tout d’abord le vicaire de Saint-Nicolas qui nous souhaite la bienvenue, puis c’est Per Westerberg, président du Parlement, qui aborde l’élection de Bernadotte et l’évolution politique et religieuse de la Suède. Rose-Marie Frebran, gouverneur d’Örebro, parle à son tour de l’élection en mettant en avant la situation géographique de sa ville, avant que l’archevêque suédois, Anders Wejryd, évoque la place de la religion à l’époque de Bernadotte et aujourd’hui.
L’orchestre de chambre de Suède, dirigé par Thomas Dausgaard, a interprété magnifiquement différentes pièces musicales entre les discours avant de clôturer la cérémonie par un extrait de la symphonie n° 2 de Robert Schumann.
Quand nous sortons de la cathédrale, il y a 20 000 personnes qui s’étirent sur les quelques centaines de mètres reliant la cathédrale au château, afin de voir la famille royale et d’écouter le discours du roi à la nation.
Une aubade nous est donnée par une chorale placée en face de la cathédrale puis, nous nous rendons au Läns museum pour voir l’exposition consacrée à Örebro et à Bernadotte en 1810. Nous y sommes accueillis par Johanna Björck et un jeune traducteur, qui nous font découvrir l’exposition temporaire. Nous y découvrons notamment un plan-relief d’Örebro au XIXe siècle, des reconstitutions d’intérieurs de toutes les classes de la société de l’époque et une pièce consacrée à Bernadotte. Là, nous voyons de nombreux objets relatifs au maréchal dont son habit de cérémonie à la cour impériale.
À la fin de la visite nous reprenons la route de Stockholm, encore marqués par la très belle cérémonie à l’église Saint-Nicolas. Jean-Pierre ayant amené mon livre-CD Napoléon raconté aux enfants pour que je le lui dédicace, il fait passer le CD sur lequel je conte pendant plus d’une heure 10 tableaux de la vie de Napoléon, avec des extraits musicaux (Le 18 Brumaire, le Sacre, Napoléon et l’opéra…). Cela enchante notre groupe. Nous dînons tardivement à l’hôtel avant de prendre un repos bien mérité.
Dimanche 22 août, nous arrivons à 8 h 45 au château de Rosendal, situé sur l’île de Djurgarden à Stockholm. Notre guide, Maria, nous fait une visite particulièrement intéressante de l’édifice.
Il a été construit de 1823 à 1827 par un architecte réputé de l’époque, Fredrik Blom, qui reçut une commission royale de la part de Bernadotte pour remplacer un ancien bâtiment détruit par le feu en 1819.
La création du palais de Rosendal marque le commencement du développement de Djurgården comme ère de résidence royale. Quand le roi Oscar II mourut en 1907, ses héritiers décidèrent de faire de Rosendal un musée de la période et de la vie de Bernadotte.
C’est un témoignage unique du style Empire en Europe du Nord, connu aussi en Suède comme « style Charles-Jean ». Il demeura populaire en Suède même quand il eut disparu dans d’autres parties de l’Europe.
L’agencement du palais aujourd’hui ressemble beaucoup à ce qu’il était à l’époque de Bernadotte, avec des meubles de style empire, des rideaux en soie, des lustres en cristal, etc. La collection de livres du XIXe siècle de Bernadotte est quasi intacte. Il possédait même des livres en suédois, bien qu’il n’ait jamais appris la langue de son pays d’adoption (il avait 47 ans quand il est arrivé en Suède). La chambre de Bernadotte qui se trouvait avant au palais royal, a été transférée à Rosendal en 1913.
Bernadotte n’y a jamais dormi. Il y venait la journée car le château se situait à proximité de Gärdet, le terrain d’entraînement au tir des militaires. Il supervisait les manœuvres en été. Dans le palais, chaque membre de la famille Bernadotte avait sa pièce. Les femmes et les hommes avaient des salons bien distincts. Le salon Rouge était réservé au roi et aux hommes. Dans cette salle des têtes de lions décorent les accoudoirs des fauteuils et des armes ornent les tringles à rideaux. On voit aussi le portrait de Josefina (la femme d’Oscar Ier, fils unique de Bernadotte) placé au centre du salon. Le diadème qu’elle porte faisait partie de sa collection de bijoux, Victoria l’a porté lors de son mariage le 19 juin 2010.
Particularité de Rosendal bien que ce soit un château d’été : il y a des poêles blancs en faïence dans toutes les pièces. En effet, Bernadotte était frileux et exigeait une température comprise entre 21 et 23°C dans toutes les pièces !
Après deux heures de visites, nous allons au Nordiska museet, le musée nordique, pour l’exposition temporaire consacrée à Bernadotte et découvrons avec notre guide Kristina quelques éléments de la culture nordique.
Ensuite, nous déjeunons en face du magnifique cirque de Stockholm et nous nous rendons à Haga pour retrouver Kristina afin de visiter le pavillon de Gustave III. En traversant le parc, nous passons devant les tentes du sultan, imaginées par Louis Jean Desprez et achevées en 1790. Construites en bois et en cuivre peint, elles servaient alors de logement pour les gardes du palais et d’écuries pour les chevaux. Arrivés au pavillon, nous découvrons un chef d’œuvre du célèbre architecte Masreliez. L’ameublement et le décor sont parmi les exemples les plus fins du style gustavien.
En fin d’après-midi, nous sommes de retour à l’hôtel, puis notre car nous emmène dîner au Ulriksdals Wärdshus, situé dans le parc du château Ulriksdal, quelques kilomètres au nord de Stockholm.
Nos tables sont magnifiquement dressées dans une rotonde à grandes vitres donnant sur la nature. Nous passons là notre dernière soirée en Suède, puis regagnons l’hôtel.
Lundi 23 août, de bon matin, je me rends au Stadshuset pour quelques photos. Nous chargeons nos valises dans le car et partons pour le musée Vasa. Pendant deux heures, nous découvrons ce vaisseau de 69 mètres et 64 canons, dont l’histoire est incroyable.
Lancé à l’eau en 1628, sous le règne de Gustave II Adolphe, il coule quelques minutes après sa mise à l’eau, car mal lesté. L’épave n’est retrouvée qu’en 1961, est renflouée et restaurée, puis présentée dans un musée qui lui est consacré. L’ensemble est gigantesque et impressionnant. À 12 h 00 nous assistons à une projection qui raconte l’histoire et la restauration du Vasa, puis nous déjeunons au restaurant du parc Skansen et bénéficions d’une vue panoramique sur Stockholm illuminée par le soleil. En attendant que le service soit fait, France Lannes de Montebello nous offre le champagne, un blanc de blanc millésimé 1999, qui nous met en joie.
Notre dernière visite se déroule à la cathédrale Saint-Nicolas, là même où Bernadotte a été couronné en 1818 et là où se sont déroulées les noces de la princesse héritière Victoria, le 19 juin 2010.
Nous sommes accueillis par le prêtre Ulf Lindgren qui parle parfaitement le français et nous captive par sa verve, son érudition et sa gentillesse. Nous découvrons tous les éléments intérieurs de la cathédrale au son des répétitions d’un orchestre piémontais qui donne concert en soirée. Carmen, Nabucco, l’hymne italien accompagnent nos déambulations. Nous voyons le retable en argent et en ébène, les sièges royaux conçus par Tessin l’Ancien avec leurs immenses couronnes baldaquins, le chandelier à sept branches, le tableau du jugement dernier et la chaire. Nous passons un long moment devant la statue de Saint-Georges terrassant le dragon ; réalisée en 1489 par l’Allemand Bernt Notke, en chêne et corne d’élan, elle fut commandée par Sten Sture l’Ancien pour commémorer sa victoire (Sten Sture est Saint-Georges) sur les Danois (le dragon) à la bataille de Brunkeberg, en 1471. Nous avons aussi le privilège de découvrir la salle du chapitre, dont le plafond est orné de fresques d’Albertus Pictor, ainsi que de pénétrer dans le buffet d’orgue. À la sortie de la cathédrale, Ulf Lindgren nous présente le Parhélion, tableau qui illustre un phénomène lumineux observé dans le ciel de Stockholm en 1535 et constitue aussi la plus ancienne représentation de l’architecture de la ville.
À 16 h 45, notre car se met en route pour l’aéroport d’Arlanda d’où nous décollons à 19h30. Passé 22 h 00 nous sommes de retour en France et notre groupe se disperse, élaborant déjà d’autres projets avec l’Académie Napoléon.
Ronald Zins